16 Jan Coûts réels des filières non OGM en nutrition animale et leurs incidences sur le coût des produits animaux : une étude inédite et précise validée par les Professionnels
Les adhérents de Feedsim Avenir travaillent depuis de nombreuses années sur la problématique des OGM en Nutrition animale. Face à la demande croissante par les consommateurs de produits animaux issus d’animaux nourris sans OGM, dont tout récemment des produits laitiers, les adhérents ont souhaité réévaluer collectivement les surcoûts induits dans la filière.
L’étude sera téléchargeable très prochainement sur la plateforme FEEDSIM. Elle est exclusivement réservée aux adhérents FEEDSIM.
Pour information, le plan et l’introduction sont téléchargeables en cliquant ici.
Introduction
La démarche du sans OGM dans le secteur laitier est un mouvement de plus en plus présent en Europe et s’articule autour de l’Allemagne. En France, il est difficile de donner un chiffre pour la production de lait produit par des animaux nourris sans OGM, mais elle serait inférieure à 2 ou 3 % de la production totale. Dans le contexte actuel, un développement important est envisagé pour les mois et années à venir. Le secteur laitier n’est pas la seule filière à se tourner vers une alimentation sans OGM. Cette démarche concerne également la production de poulets et de porcs sous les Appellation d’Origine Contrôlée ou Label Rouge mais également par les marques distributeurs. Les produits issus de l’agriculture biologique sont, par définition, issus d’animaux nourris sans OGM.
Si l’approvisionnement en céréales non génétiquement modifiées ne comporte aucune difficulté (100 % des céréales cultivées en France et en Europe sont non génétiquement modifiées), la situation est plus complexe pour le soja. En effet, 77 % de la production mondiale de soja est issue de variétés génétiquement modifiées (ISAAA, 2017). En alimentation animale, le soja représente une matière première très intéressante grâce à sa richesse en protéines (avec une très bonne digestibilités) et sa composition équilibrée en acides aminées. Etant un excellent complément aux céréales, le soja constitue la source de protéine la plus consommée par les élevages européens. La consommation importante de cette matière première implique une forte dépendance de l’Union Européenne aux importations mondiales. Ainsi, 70 % des besoins européens en matières riches en protéines (M.R.P) sont couverts par l’importation. En France, la production nationale de tourteaux de colza et de tournesol permet d’abaisser ce taux à 45%.
Le soja non génétiquement modifié est soumis à une prime. Son rôle est de rendre attractive la culture du soja sous sa forme non génétiquement modifiée, de la valoriser et de couvrir les surcoûts liés à la ségrégation et à la traçabilité. Alors qu’en 2000, la prime était de 5 €/T, elle s’établissait en 2015 à 70-80 €/T et pouvait dépasser les 100 €/T. Au 3ème trimestre 2018, la prime se situait autour de 78 €/T.
Une alimentation sans OGM pour les animaux constitue un coût supplémentaire pour le fabricant d’aliment lors de son achat de matière première. Des coûts, dit industriels, s’ajoutent à ce surcoût d’approvisionnement. Ce sont des dépenses supplémentaires dues au contrôle des matières premières mais également aux ségrégations obligatoires (stockages différenciés des matières premières et des produits finis, nettoyages, traçabilités…). Produire un aliment sans OGM représente donc un surcoût qui se répercute sur la production des produits animaux (lait, viande et œuf).
Aujourd’hui, on note un consensus autour d’une prime des 10 €/1000 L pour la production de lait issu d’animaux nourris sans OGM (<0.9%). En 2015, un industriel accordait une prime de 6,30 € par porc livré et abattu aux éleveurs s’engageant dans une démarche sans OGM. On peut alors s’interroger sur l’adéquation entre les primes accordées et les surcoûts engendrés.
L’objectif de ce travail est donc d’étudier et de quantifier les impacts d’une alimentation 100 % non OGM sur le coût de production des produits animaux (viande de porc et de volaille, œufs et lait de vache) dans le Grand-Ouest (Bretagne, Pays-de-la-Loire et Basse-Normandie). Nous étudierons également les conséquences sur les besoins en matières premières pour la nutrition animale dans l’hypothèse d’un fort développement de ces filières.
Le rapport va se décomposer en quatre parties. Dans un premier temps une étude des impacts d’une alimentation 100 % non OGM sur les coûts matières des formules d’aliments (c’est-à-dire sur l’achat des matières premières et sans le processus de fabrication) sera détaillée. La seconde partie se focalisera sur les surcoûts industriels (c’est-à-dire sur le processus de fabrication des aliments) induits par le passage au non OGM. La troisième partie permettra de conclure quant à l’évolution du coût de production des produits animaux à l’échelle du producteur et à celle du distributeur / consommateur. Enfin, les impacts sur les incorporations et les disponibilités en matières premières seront détaillés
En terme méthodologique, le travail est réalisé à l’aide du modèle Feedsim Ouest qui modélise l’approvisionnement en matières premières du Grand Ouest.
Résultats :
Les surcoûts matières
Le surcoût estimé d’un fort développement des filières Non OGM est d’au moinsContenu réservé aux membres et à une certaine étape de leur parcours.
Ces surcoûts varient par ailleurs fortement au cours de l’année selon les prix relatifs des matières premières.Contenu réservé aux membres et à une certaine étape de leur parcours.
Quels sont les facteurs qui vont jouer sur cette variabilité ?
Les matières premières privilégiées pour la substitution des tourteaux de soja OGM sont principalement les tourteaux de colza et les tourteaux de tournesol (d’autres matières premières peuvent être utilisées pour compléter les rations en absence du soja). Les surcoûts mensuels pour chaque formule seront donc dépendants des rapports de prix entre les 3 tourteaux (soja, colza et tournesol), des disponibilités et de la répartition au sein des espèces des tourteaux de colza et de tournesol. De même, la répartition des autres matières premières (avec une disponibilité limitée) joue un rôle prépondérant (notamment les co-produits riches en protéine, comme la drêche de blé ou de maïs et le gluten de maïs) dans le surcoût matière.Contenu réservé aux membres et à une certaine étape de leur parcours.
Les surcoûts industriels
Les coûts matières ne sont pas les seuls affectés par le non OGM. Il est primordial d’étudier les surcoûts industriels dans les usines d’aliments induit par l’utilisation de produit non OGM au côté de produits OGM. Pour la première fois, une étude détaille ces surcoûts qui peuvent être très largement supérieurs aux surcoûts matières.
En détail, les points clés du surcoût industriel :Contenu réservé aux membres et à une certaine étape de leur parcours.Une des priorités des entreprises est sans doute l’optimisation et la réduction de ces surcoûts industriels de la nutrition animale par des procédures améliorées, des investissements matériels voire une spécialisation des usines.
Si nous n’avons pas intégré à cette étude les surcoûts pour les industriels de l’aval (collecte de lait segmentée par exemple), il n’en reste pas moins que la problématique de l’optimisation des procédés industriels est là aussi essentielle.
L’étude a permis ensuite d’estimer les surcoûts induits à l’échelle des divers maillons de la filière Non OMG.
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