Synthèse de l’avis de l’ANSES sur Salmonella spp. en alimentation animale

Le mardi 28 août 2018, FEEDSIM a eu le plaisir de recevoir M. Pierre COLIN – Président du Groupe de Travail – afin d’effectuer une présentation de l’avis de l’ANSES sur Salmonella spp. en alimentation animale aux différents adhérents de FEEDSIM et d’échanger sur le sujet.

La synthèse qui suit est issu de l’intervention de M. COLIN. Le diaporama complet est disponible sur ce lien (uniquement disponible aux adhérents FEEDSIM)


 

Les questions posées à l’ANSES sont catégorisées en 11 questions, avec 3 thématiques dégagées :

  • Rôle de l’alimentation animale comme source d’introduction de Salmonella (feed) dans la chaîne alimentaire
  • Procédés de décontamination de Salmonella en alimentation animale
  • Critères microbiologiques en alimentation animale

 

Thématique 1: Rôle de l’alimentation animale comme source d’introduction de Salmonella (feed) dans la chaîne alimentaire

 

Q1- Évaluer, au regard de la situation épidémiologique actuelle dans les élevages français, le rôle de l’alimentation animale comme vecteur d’introduction de Salmonella spp., dans les élevages et par voie de conséquence comme source de contaminations des denrées alimentaires pour les trois filières animales (volailles, ruminants, porcs)

  • La contamination par Salmonella des matières premières végétales et des aliments composés, demeure un événement rare (taux de contamination de l’ordre de 1 à 2 %). Cette contamination, même rare, peut néanmoins entraîner celle des animaux et de leur environnement et, par voie de conséquence, celle des aliments destinés à l’Homme.
  • Les données françaises ne sont pas suffisantes pour quantifier précisément la part de transmission de Salmonella liée à l’alimentation animale, aux autres maillons de la chaîne alimentaire.
  • Les experts recommandent une meilleure caractérisation des isolats par analyse génomique

 

Q2- Indiquer si le risque pour la santé animale et humaine lié à la présence de Salmonella spp. dans les aliments pour animaux présente une variation significative selon les sérovars concernés. En cas de réponse positive, il est demandé à l’Agence d’indiquer quels sont les sérovars prioritaires au regard du risque pour la santé animale et humaine, par grande catégories animales (volailles, ruminants, porcins)

  • Quelques données bibliographiques indiquent un lien épidémiologique entre des salmonelles isolées de l’alimentation animale et des cas de salmonelloses humaines (ou de manifestations cliniques chez les animaux)
  • Bilans de surveillance en France :
    • Il n’ y a pas de démonstration que l’alimentation animale soit une voie d’entrée pour les sérovars les plus fréquemment isolés en santé humaine ainsi que pour certains sérovars « à risque » en santé animale.
  • D’autres voies de transmission dans les élevages doivent être considérées

 

Q3- Evaluer le rôle de l’alimentation animale dans l’introduction des cinq sérovars 392 réglementés (S. Typhimurium, S. Enteritidis, S. Hadar, S. Infantis et S. Virchow) dans les 393 élevages des espèces Gallus gallus et Meleagris gallopavo. Serait-il pertinent de mettre d’autres sérovars de Salmonella spp. dans le cadre de la source alimentation animale pour Gallus gallus et Meleagris gallopavo ?Contenu réservé aux membres et à une certaine étape de leur parcours.

 

Q4 : Actuellement, seules les deux espèces Gallus gallus (poules) et Meleagris gallopavo (dindes) sont concernées par cette réglementation : – Quel est le risque de ces cinq sérovars réglementés pour les autres espèces animales dans le cas où les lots contaminés seraient réorientés vers leurs filières ?

 

La réorientation de matières premières ou d’aliments pour animaux contaminés par Salmonella spp., depuis la filière avicole réglementée vers les filières porcines, bovines ou avicoles non réglementées, ne semble pas opportune. En santé animale, il y a apparition de troubles de santé avec certains sérovars réglementés et en santé publique, il y a un portage asymptomatique dans un élevage ce qui entraîne une contamination des denrées alimentaires et donc des consommateurs

– La réglementation sur les sérovars de Salmonella spp. devrait-elle être étendue à d’autres filières de production ? Si oui pour quels sérovars ?

1. Fillière avicole ?

Liste des sérovars proposés peut être maintenue

2. Transposition vers les filières de production réglementées ?

La question dépasse la problématique Salmonella spp. en alimentation animale MAIS mise en place de réglementations successives, dans certaines filières avicoles, a contribué à une diminution des cas de salmonelloses humaines

S’il est décidé une réorientation des lots d’aliments contaminés vers d’autres filières non réglementées, il faut procéder au préalable à un traitement assainissant de l’aliment

Extension de la réglementation à d’autres filières de production => Mesure qui devrait permettre de réduire les cas

 

Q6 : Réaliser, pour S. Kentucky (souches WT et CIP-R/ST198), un bilan de la surveillance, en France, de la contamination des aliments pour animaux des filières de production sur les 5 dernières années :

  1. Indiquer quelles données seraient nécessaires pour évaluer l’impact de S. Kentucky dans les filières de production,
  2. Évaluer les risques liés à la commercialisation de denrées issues d’élevages détectés positifs à la souche S. Kentucky résistante à la ciprofloxacine, en particulier en filières avicoles chair et ponte. Déterminer le devenir de ces denrées à partir du risque estimé.Contenu réservé aux membres et à une certaine étape de leur parcours.

     

    III. Thématique 2 : Procédés de décontamination de Salmonellaspp. en alimentation animale

    Q7 :

    1.Evaluer le traitement thermique (couple temps/température) nécessaire pour garantir l’absence de Salmonella spp. dans un aliment pour animaux (y compris en cas de présence dans les matières premières constitutives de l’aliment).

    Traitement thermique : (thermisation des AC pour volailles reproductrices)

    Les experts soulignent que, après un traitement thermique, « l’absence » de Salmonella spp. ne peut pas être totalement garantie dans l’aliment considéré. Il convient plutôt de parler d’une non-détection de ce micro-organisme du fait des limites des méthodes analytiques.

    Préconisation de Tecaliman : Barème de 85°C pendant 300 secondes permet de réduire de 3 log en entérobactéries et de diminuer le risque Salmonella 

    Thermisation : contribution à obtenir un niveau de contamination très faible en salmonelles, souvent inférieur au seuil de détection.

     

    2. Évaluer, à cet égard, l’efficacité de l’étape de granulation (temps/température/pression) sur le niveau de contamination des aliments pour animaux.

    Granulation :Contenu réservé aux membres et à une certaine étape de leur parcours.

     

    Q8 : En matière de gestion des lots d’aliments contaminés par Salmonella spp., évaluer l’efficacité des différents scénarios pour assainir un lot d’aliments contaminé : réorientation des lots ou non, avec ou sans traitement thermique et/ou chimique

    1. Lot d’aliments contaminés ?

    Contenu réservé aux membres et à une certaine étape de leur parcours.

    1. Réorientation des lots (traitée précédemment)
    2. Finalité des contrôles analytiques ?

    Cela n’est pas un dispositif de gestion suffisant au regard d’un processus avec des risques de contaminations variées.

    Les résultats analytiques sont importants pour alimenter des bases de données : suivi des variations relatives du niveau de contamination au cours du temps.

    1. Gestion du risque en alimentation animale ?

    Cela n’est pas un dispositif de gestion suffisant au regard d’un processus avec des risques de contaminations variées.

    Les résultats analytiques sont importants pour alimenter des bases de données et suivre des variations relatives du niveau de contamination au cours du temps.

     

    Thématique 3: Critères microbiologiques en alimentation animale

     

    Q9 : Évaluer la pertinence des critères réglementaires relatifs à la maîtrise microbiologique des aliments composés destinés aux reproducteurs de l’espèce Gallus gallus ou de l’espèce Meleagris gallopavo, notamment le critère de 103 UFC/g d’entérobactéries dans 100g d’aliment composé. Ce seuil doit-il être maintenu comme un critère de sécurité ou un critère d’hygiène des procédés ?

    103 UFC entérobactéries/g correspond à une limite microbiologique d’un critère « de sécurité » puisque son dépassement correspond à un produit « non-conforme »

    Il y a une absence de relation quantitative entre la contamination des aliments pour animaux et la probabilité de conséquences néfastes pour la santé humaine. Ce qui veut dire qu’il n’ y a pas de démonstration univoque indiquant que les entérobactéries soient un bon index de la présence de Salmonella spp.

    Il n’y a pas de justification à la limite de 103 UFC d’entérobactéries/g comme critère de sécurité

    Les experts recommandent de ne pas la maintenir

     

    102 UFC entérobactéries/g

    • Ce seuil s’apparente à la limite microbiologique d’un critère « d’hygiène des procédés » puisqu’il conduit à réviser les conditions d’hygiène. Or la limite est respectée par la grande majorité des fabricants.

     

    Critère pertinent pour les produits ayant subi un traitement assainissant

     

    CONCLUSION

    Il faut continuer à surveiller la présence des salmonelles dans les MP et les AC et prévenir les dérives ainsi qu’informer les fournisseurs et les professionnels

    La mise en place et le respect, par tous les opérateurs de l’alimentation animale, du guide de bonnes pratiques d’hygiène et application des principes HACCP, tout au long de la chaîne de fabrication des aliments pour animaux demeurent indispensables pour la maîtrise des salmonelles